AboUne violence «inédite»
Un réseau de narcotrafiquants violents démantelé en Valais
À Sierre, la police a démantelé une organisation criminelle violente qui opère selon le modèle des banlieues françaises. Les forces de l’ordre disent leur inquiétude.

Près de 80 policiers ont travaillé pendant dix-huit mois pour mettre en place ce coup de filet.
POLICE CANTONALE VALAISANNE
- L’enquête de dix-huit mois a permis de démanteler un réseau de trafic de drogue à Sierre.
- Près d’un tiers des trafiquants arrêtés étaient des mineurs.
- La violence interne au réseau criminel inquiète les forces de l’ordre.
L’enquête aura duré dix-huit mois et mobilisé quelque 80 policiers. Elle débouche sur le démantèlement d’un vaste réseau de trafic de drogue en Valais, à Sierre, et à l’arrestation d’une trentaine de personnes. Selon les estimations des forces de l’ordre, en trois ans d’activités, les trafiquants – dont un tiers de mineurs – ont écoulé «au moins 500 kilos de haschich et de plus de 2 kilos de cocaïne» en Suisse romande.
Une quantité de cannabis record qui, à la revente, dépasse les 4 millions de francs. Et de l’aveu de plusieurs sources policières, ces calculs d’une demi-tonne débitée sont très certainement sous-évalués.
Mais au-delà de l’ampleur du trafic, c’est la violence qui l’accompagne qui inquiète les enquêteurs. Face à un mode opératoire proche de celui des banlieues françaises, le commandant de la police cantonale valaisanne, Christian Varone, tire aujourd’hui «la sonnette d’alarme».
Menaces, chantage et passage à tabac
Le constat, d’abord. «Le trafic de stupéfiants est, à l’heure actuelle, la plus grosse menace qui existe», appuie Christian Varone. «Aux États-Unis, les consommateurs se tournent vers les drogues de synthèse. Les mafias qui opèrent dans le trafic de cocaïne et de haschich ont donc des quantités astronomiques de marchandises à écouler. Elles ont fait le choix de l’Europe et la Suisse n’est pas épargnée», explique celui qui décèle une «hausse constante» de ces produits sur le territoire valaisan. Plus de 3000 infractions liées à la drogue sont recensées dans le canton chaque année.
La crainte, ensuite. Le réseau démantelé, composé de 60% d’étrangers et de 40% de Suisses, «reproduit le schéma des banlieues françaises», observe le commandant. «Le phénomène remonte le Rhône et draine une violence inédite. C’est une profonde source d’inquiétudes.»
Ainsi, des hommes de main «font régner la terreur» au sein de la structure. Les passages à tabac, menaces et chantages sont monnaie courante. Si des armes ont été saisies, Christian Varone ne donne pas de détail sur leur nature, l’enquête étant en cours. Selon nos informations, des couteaux et des poings américains ont notamment été retrouvés.
Une structure pyramidale pour une violence en cascade
Une poignée d’individus sont aux commandes de l’organisation concernée. «Ce sont les décideurs», renseigne Patrick Tissières, chef de la section stupéfiants de la police cantonale valaisanne. En dessous, plusieurs couches façonnent une structure pyramidale, strictement hiérarchisée.
Il y a les guetteurs, les revendeurs, les nourrices qui dissimulent la marchandise et les transporteurs. «Chacun joue son rôle dicté par la tête du réseau. Il y a une omerta où chacun garde le silence, ce qui rend l’enquête très difficile à mener», précise Maria Locher, cheffe de la police judiciaire.
Si la violence se cantonne à l’interne de la structure, elle déferle du haut vers le bas. «Les personnes en position dominante demandent toujours plus à leurs subordonnés et font usage de la force pour asseoir leur position de chef.» Et les victimes de cette brutalité deviennent à leur tour auteur de violence. «La violence se répercute sur chaque niveau hiérarchique», résume Patrick Tissières.
«Sierre n’est pas Marseille»
Si le trafic de drogue est un problème insoluble en soi, les forces de l’ordre valaisannes espèrent endiguer cette spirale de violence. «Sierre n’est pas Marseille et ne doit surtout pas le devenir», prévient Christian Varone. À travers le coup de filet de ses hommes, le commandant espère envoyer «un signal fort» aux narcotrafiquants qui projetteraient de développer leur réseau en Valais. Notons que la structure agissait par mimétisme des banlieues, sans en être une antenne.
Il reste que des organisations françaises pourraient lorgner la Suisse et le Vieux-Pays. Et ce, à l’heure où la guerre du narcotrafic s’intensifie et provoque des dizaines de morts rien que dans la cité phocéenne. La DZ Mafia, l’un des plus importants cartels marseillais, cherche à conquérir du territoire, aussi à l’étranger. Dans une enquête de la RTS, Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police, prévient: «s’il y a un marché lucratif, la DZ Mafia n’hésitera pas à s’installer dans un pays comme la Suisse.»
Patrick Tissières acquiesce. «Les bandes organisées viendront là où il y a de l’argent.» Même si, pour l’heure, le Valais est épargné. «À nous de faire en sorte qu’il le reste.»
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