Éditorial – Drogues en Suisse
Une rafle qui plaide pour la légalisation du cannabis
Le démantèlement d’un réseau de trafiquants en Valais intervient alors que le débat sur la dépénalisation du haschich redémarre au parlement.
L’affaire de drogue révélée cette semaine en Valais est inquiétante à plus d’un titre. Par son ampleur, d’abord. Deux kilos de cocaïne et au moins 500 kilos de haschich ont été écoulés en Suisse romande, pour plus de 4 millions de francs.
Ensuite, parce que de nombreux mineurs figurent parmi la trentaine de trafiquants arrêtés. Un réseau où régnait un climat de terreur et de violence que les enquêteurs n’ont pas hésité à rapprocher de celui entourant certaines banlieues françaises. Quand les méthodes criminelles des quartiers nord de Marseille contaminent une ville comme Sierre, il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme.
La troisième source d’inquiétude est une certitude: d’autres narcotrafiquants prendront le relais. Le commerce des stupéfiants continue de se déployer sous nos yeux. Car la demande existe, qu’on le veuille ou non. Le cannabis est la substance illégale la plus souvent consommée en Suisse. Les professionnels des addictions estiment que près de 8% des personnes de 15 ans et plus en fument plus ou moins régulièrement. Dans toutes les couches de la population.
Que faire, alors? Persister à traquer les vendeurs et à sanctionner les acheteurs? Les forces de l’ordre le disent à mots couverts: c’est un problème insoluble. Les coups de filet effectués ici et là ne changeront rien à la tendance de fond.
Par conséquent, il est temps de relancer une discussion difficile mais nécessaire dans notre pays: la légalisation du cannabis. Une ouverture existe au parlement, avec la récente décision de la Commission de la santé du Conseil national visant à introduire une «régulation stricte». Objectif: endiguer le marché illégal et l’insécurité qui l’accompagne, tout en renforçant la protection de la jeunesse.
Les pistes évoquées induisent un changement complet de paradigme. Les adultes pourraient acheter et consommer librement du cannabis. Culture et production seraient autorisées, sous le contrôle de la Confédération. Et la vente des produits issus du chanvre se ferait sous un monopole étatique, sans but lucratif et sans aucune publicité.
En 2008, peuple et cantons balayaient une initiative qui allait dans le même sens. Mais, depuis lors, non seulement le marché noir et la criminalité ont perduré, mais plusieurs États ont franchi le pas de la dépénalisation – avec un certain succès. La Suisse peut s’appuyer sur les exemples allemand ou québécois pour envisager une nouvelle stratégie. En somme, il s’agirait de reléguer la fumette au même niveau que le tabac, sans pour autant la banaliser. Et de concentrer l’approche prohibitive et répressive aux drogues qui font le plus de dégâts, cocaïne, crack, héroïne.
Les débats à venir seront vifs, à n’en pas douter. Il faudra se souvenir de l’affaire valaisanne pour bien les mener.
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