Les inondations et la crue du Rhône du week-end interpelle sur la manière de préparer le futur des régions alpines en matière de prévention des risques. Toutefois, d’après l’hydrologue Jean-Pierre Jordan, expert indépendant en aménagement des cours d’eau, il aurait été difficile de mieux contenir les événements du week-end.
« Ces événements sont la conjonction de différents phénomènes, notamment une couverture neigeuse très importante tardivement dans la saison et des sols saturés par de longues précipitations durant le printemps », explique-t-il dans La Matinale.
« C’est probablement lié au changement climatique, notamment avec un isotherme du 0 degré très élevé et de fortes précipitations locales », poursuit-il, notant qu’il est difficile d’établir une causalité directe.
Difficile de faire mieux
L’hydrologue rappelle toutefois que certains indicateurs sont inquiétants: « Ce qu’on constate, c’est qu’on a qualifié la crue de 2000 de crue centennale, c’est-à-dire qui arrive une fois tous les cent ans. Et 24 ans après, on en a une autre. Donc statistiquement, on peut craindre des crues nettement supérieures au 21e siècle. »
Alors que les dégâts vont nécessairement soulever des critiques et des questionnements, l’expert indépendant estime qu’il aurait été difficile de mieux faire pour en contenir l’ampleur. Selon lui, le Valais était suffisamment préparé en termes de carte des dangers ou d’aménagements de cours d’eau.
« La stratégie dans le domaine de la protection contre les crues en Suisse ne repose pas seulement sur des aménagements, mais aussi sur des interventions d’urgence », note-t-il. « Même si on déplore malheureusement un mort en Valais, il y a relativement peu de décès lors de tels événements [en Suisse], ce qui montre qu’on a un système d’intervention d’urgence qui fonctionne. »
3e correction du Rhône retardée à tort
Les dégâts induits dans le Chablais vaudois pourraient en revanche retarder encore le fameux projet de la 3e correction du Rhône. Un projet déjà retardé à tort, estime Jean-Pierre Jordan: « J’ai analysé les arguments pour une révision du projet, il y en a une dizaine. Et je pense que tous les spécialistes qui ont participé à la planification répondront facilement qu’ils ne sont pas recevables. La crue qu’on a observé hier démontre déjà qu’une partie sont mal fondés et incorrects », fustige-t-il.
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