Les millions suisses investis en Tunisie pourraient vite être gaspillés

Beat Jans veut «assurer le succès de la transition démocratique à long terme»

Et si les millions suisses investis en Tunisie étaient de l’argent gaspillé?

Cette semaine, le conseiller fédéral Beat Jans s’est rendu en Tunisie pour parler coopération migratoire. Mais les millions suisses investis dans cet Etat du Maghreb ont un objectif clair: moins de demandes d’asile sans espoir et plus de jeunes talents. Analyse.

Publié: 26.05.2024 à 06:14 heures

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Dernière mise à jour: 26.05.2024 à 06:32 heures

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Le ministre de la Justice Beat Jans s’est rendu en Tunisie cette semaine pour parler de migration avec ses homologues.

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Samuel Schumacher

Cette semaine, le conseiller fédéral Beat Jans s’est aventuré dans le plus grand hotspot migratoire d’Afrique: la Tunisie. Près des deux tiers des réfugiés en provenance d’Afrique ont quitté les côtes de cet État du Maghreb l’année dernière. Parallèlement, un nombre record de citoyens tunisiens fuient leur régime de plus en plus autoritaire en traversant la Méditerranée. En 2023, 17’972 Tunisiens sont entrés illégalement en Italie. Et dans les statistiques suisses, les criminels originaires de Tunisie se distinguent.

Le ministre de la Justice Beat Jans le sait. Sur place, le conseiller fédéral a rencontré des représentants de différents ministères pour aborder le thème de la migration. La Suisse espère maîtriser le flux d’immigrés en provenance de Tunisie: et c’est justement en investissant dans des mesures de formation et de promotion économique qu’elle veut y parvenir.

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«Assurer le succès de la transition démocratique à long terme»

Mais les projets tunisiens ont déjà coûté 101 millions de francs à la Confédération au cours des quatre dernières années. La Tunisie reste un pays prioritaire dans la stratégie suisse de coopération internationale 2025-2028. Des millions devraient donc à nouveau être versés pour promouvoir l’économie et, comme le stipule la stratégie actuelle pour le «Moyen-Orient et l’Afrique du Nord», «renforcer les structures démocratiques». Avec cet investissement, la Suisse veut «assurer le succès de la transition démocratique à long terme».

Pour les Tunisiens qui souffrent du régime de Kaïs Saïed, la nouvelle sonne comme une pique. En juillet 2021, au plus fort de la pandémie de Covid, le président tunisien avait déclaré l’état d’urgence… et dissous le Parlement, limogé les juges indésirables, avant de s’imposer comme l’autorité suprême de contrôle de la justice tunisienne. La seule institution en mesure de desserrer son emprise sur le pouvoir était la Cour constitutionnelle – que le dirigeant a vite mis en veilleuse.

La Tunisie est à nouveau à mille lieues de l’atmosphère d’espoir qui s’était emparée du pays après le printemps arabe de 2011. Près de 40% des jeunes sont au chômage, la corruption augmente toujours plus, des pénuries récurrentes de produits alimentaires de base frappent le pays et le tourisme est au point mort après plusieurs attentats terroristes. C’est un fait: la Tunisie est profondément en crise.

Les millions suisses ne doivent pas inutilement s’évaporer dans le régime tunisien

Dans ce contexte, les millions suisses pourraient faire la différence. Mais seulement s’ils ne s’évaporent pas dans l’appareil du pouvoir tunisien. Blick a sollicité l’ambassade tunisienne en Suisse pour savoir comment les millions de Beat Jans avaient été utilisés et quels effets ils avaient eu sur le pays en crise. Malheureusement, l’ambassade n’a pas répondu.

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Mais selon Beat Jans, l’accord migratoire conclu avec la Tunisie depuis 2012 fonctionne plutôt bien. L’État du Maghreb accueille des demandeurs d’asile déboutés en Suisse. En contrepartie, la Suisse délivre chaque année jusqu’à 150 visas à de jeunes Tunisiens pour des séjours de formation. Malgré tout, seuls 19 Tunisiens par an en moyenne ont profité de cette opportunité de formation depuis le lancement du programme. A contrario, 23 fois plus de Tunisiens ont déposé une demande d’asile en 2023.

L’enjeu de l’aide suisse au développement en Tunisie réside précisément ici: obtenir moins de demandes d’asile de jeunes sans espoir, et davantage de dossiers de jeunes talents avides de connaissances. Sans ce changement de dynamique, l’engagement helvétique risque de n’être qu’un sacrifice inutile de plus sur l’autel du régime autoritaire tunisien.

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