En Suisse, un député sur six est paysan, illustrant l’influence persistante du lobby agricole

LETTRE DE GENÈVE

Le Parlement suisse, à Berne, le 15 septembre 2014. Le Parlement suisse, à Berne, le 15 septembre 2014.

Les valeurs terriennes – famille, patrie et tradition – seront bien défendues dans le nouveau Parlement suisse, qui a fait sa rentrée lundi 4 décembre après les élections législatives fédérales du 22 octobre, marquées par la progression des communautés rurales, puissant réacteur du conservatisme helvétique.

Alors qu’ils ne représentent que 2,3 % de la population active et 1 % du PIB, les agriculteurs disposent de 40 sièges (+ 6) sur les 246 des deux chambres de l’Assemblée. Aucune autre profession n’est mieux représentée au Palais fédéral de Berne : un député sur six est paysan, dans cette nation alpine où leur statut continue à être mythifié, aussi bien dans la psyché collective que dans les clichés de communication de Suisse Tourisme, peu avares en vaches pimpantes sur des prairies immaculées.

La plupart de ces élus appartiennent au parti Le Centre, ex-Parti démocrate-chrétien, et à l’Union démocratique du centre (extrême droite), première formation de la Confédération, souverainiste et ouvertement xénophobe, mais qui a conservé en son sein la puissante aile agraire de ses origines. Le plus souvent, ils sont installés, géographie oblige, loin des grandes villes et de leur métissage, dans des vallées alpines et dans les cantons enclavés de Suisse centrale que l’on appelle ici la « Suisse primitive » parce qu’ils ont fondé la Confédération en 1291.

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Markus Ritter, « l’homme le plus puissant du Parlement fédéral »

La sociologie de ce vote posée, il est intéressant de constater qu’il s’inscrit en porte-à-faux avec la réalité d’un pays mondialisé, ouvert aux quatre vents. La Suisse est en réalité beaucoup plus préoccupée par son statut de champion de l’innovation technologique (numéro un mondial, selon le dernier classement de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, qui comptabilise les brevets) et de la compétitivité (troisième place mondiale, après avoir longtemps occupé la première).

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L’homme du moment, « le plus puissant du Parlement fédéral », selon le quotidien zurichois Tages-Anzeiger, se nomme Markus Ritter, agriculteur dans le canton catholique et conservateur de Saint-Gall (nord-est). Président de l’Union suisse des paysans (USP) depuis onze ans, il est de facto la tête d’affiche du lobby le plus influent de la Confédération. Il veille en tout cas à ce que les décisions du gouvernement fédéral ne lèsent jamais les paysans.

Markus Ritter a surtout relancé le pacte qui façonne la Suisse moderne. Au début du XXe siècle, les agriculteurs ont fait alliance avec la bourgeoisie comme rempart contre la gauche. A son tour, la droite les a soustraits aux politiques agricoles libérales en vogue, grâce à une généreuse politique de subventions et un protectionnisme qui ferait pâlir d’envie les thuriféraires de la politique agricole commune européenne. Berne pratique les prix agricoles les plus élevés d’Europe et protège son marché des importations. Le bœuf argentin n’a jamais obtenu, en Suisse, le boulevard dont il dispose dans l’Union européenne.

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