La double peine de l’abus et de l’effacement

, La double peine de l’abus et de l’effacement

En Suisse, y compris en Valais, on a pu, durant des décennies, briser des vies en toute impunité, à l’abri des confessionnaux, dans le cercle des activités ecclésiales avec des enfants et des adolescents, entre les jeux et les prières.

En Suisse, y compris en Valais, on a pu, durant des décennies, briser des vies en toute impunité, à l’abri des confessionnaux, dans le cercle des activités ecclésiales avec des enfants et des adolescents, entre les jeux et les prières.

Mille situations d’abus sexuels documentées dans l’Eglise catholique en Suisse, dont une grande majorité (74%) sur des mineurs: l’étude de l’Université de Zurich révèle, pour la première fois avec cette ampleur, le mal systémique qui ronge l’institution depuis trop longtemps. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg.

L’ouverture d’une enquête ordonnée par la Conférence des évêques suisses, aujourd’hui, et les directives du même organe depuis le début du XXIe siècle, qui obligent les dirigeants ecclésiastiques à porter plainte auprès du Ministère public en cas de suspicion de délit sexuel contre des mineurs, ne font hélas pas oublier que l’Eglise a trop longtemps privilégié ses propres intérêts et ceux de ses représentants au détriment de ses fidèles.

Le travail réalisé par les historiens est capital. Et l’enquête ouverte dans la foulée, qui a, déjà, ses premières conséquences (le retrait temporaire de l’abbé de Saint-Maurice Jean Scarcella, au bénéfice de la présomption d’innocence) doit aboutir à des sanctions pénales. Punir les coupables apaisera peut-être, un peu, les victimes. Mais cela n’absout en rien l’Eglise en tant qu’institution.

Elle doit aujourd’hui proposer plus. En France, le rapport «Sauvé» (publié par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise en 2021) a conduit à des recommandations, dont certaines déjà suivies d’effets – comme la création d’une instance nationale de reconnaissance de la qualité de victime et de réparation des dommages – et d’autres sont en cours, comme la révision des procédures de recrutement des candidats à la vie religieuse ou la restructuration des cellules d’écoute et de soutien. En Valais, une cellule de ce type a mis sept ans pour être adaptée, en 2022, aux exigences de la Conférence des évêques suisses. 

Des curés faibles, des prêtres mal accompagnés, des abbés déviants ont brisé des vies par l’abus. L’Eglise a brisé ces mêmes vies une deuxième fois par le déni, et pire, par la dissimulation. Conforme au droit canonique, la destruction d’archives jusqu’en 1995 – apparemment pratiquée avec beaucoup d’assiduité en Valais – confirme ce sentiment d’effacement. Même si, en conférence de presse, Jean-Marie Lovey et Pierre-Yves Maillard se sont distanciés de ces pratiques.

Etouffer des crimes potentiels, soutenir des agresseurs potentiels, se protéger à tout prix, c’était le signe d’une défaillance institutionnelle. Il est temps de remettre l’humain au centre.

Pour nous contacter, vous pouvez écrire à redaction@lenouvelliste.ch

Cet écrit a été rendu du mieux possible. Au cas où vous projetez de présenter des renseignements complémentaires à cet article sur le sujet « Sierre Suisse » vous pouvez écrire aux contacts affichés sur ce site. sierre.net vous présente de lire cet article autour du sujet « Sierre Suisse ». sierre.net est une plateforme d’information qui réunit de multiples informations publiés sur le web dont le domaine principal est « Sierre Suisse ». Connectez-vous sur notre site sierre.net et nos réseaux sociaux dans l’optique d’être informé des prochaines communications.