La Suisse va conserver des archives colombiennes de la Commission de la vérité

, La Suisse va conserver des archives colombiennes de la Commission de la vérité

Lors d’une rencontre entre le président de la Confédération Alain Berset et son homologue colombien Gustavo Petro à Bogota, un accord a été signé pour conserver en Suisse les archives très sensibles de la Commission de la vérité, qui retrace 60 ans d’histoire du conflit armé dans le pays.

L’accord prévoit la conservation en Suisse d’une copie numérique des documents de la Commission de la vérité colombienne – mise sur pied dans le cadre de l’accord de paix de 2016 – qui contiennent entre autres des enregistrements audio et vidéo sensibles de témoignages.

La délégation suisse ne repartira pas avec le disque dur à la fin de la visite, mais celui-ci sera acheminé dans les prochains mois et gardé dans un coffre-fort à Berne. Comme il ne sera pas connecté, aucun piratage des données sensibles n’est à craindre.

« Ce ne sont pas des archives ouvertes au public, la Colombie ne l’a pas souhaité », précise Simon Geissbühler, chef de la division Paix et droits de l’Homme du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), vendredi dans La Matinale de la RTS.

La démarche doit permettre d’assurer la sécurité des documents originaux et leur copie, en conservant une deuxième copie en Suisse. Pour Simon Geissbühler, cette demande est un « signe de la confiance en la Suisse et en notre politique de paix ».

Des archives « de droits humains »

En Colombie, « l’effort qu’a fourni la Commission de la vérité, qui reprend 60 ans d’histoire de conflit armé, est énorme. Plus de 2000 personnes ont travaillé pour collecter ces informations. Nous avons auditionné 30’000 personnes, réalisé 17’000 interviews et 700 rapports », explique Luisa Gonzales, ancienne commissaire de la vérité.

« C’est la première fois qu’il y a une compréhension politique qui ne vient pas que des académiques mais des victimes, des responsables, des autorités et des militaires. Tout cela constitue une archive de droits humains », ajoute-t-elle.

Après les Îles Marshall et le Guatemala, il s’agit du troisième ensemble de documents sensibles d’un pays tiers que la Suisse héberge.

Une conservation de la mémoire

La conservation de ces archives colombiennes est importante, car celles-ci pourraient être détruites en cas de catastrophe naturelle, par exemple, ou si un nouveau gouvernement décide un jour de les détruire, détaille encore Simon Geissbühler.

Pour la directrice de l’unité de mise en oeuvre de l’accord de paix Gloria Cuartas, cette décision va au-delà des questions sécuritaires: « La Suisse se constitue comme un lieu de mémoire pour que le monde n’atteigne plus jamais ce niveau de destruction », déclare-t-elle.

« Le message que le pays envoie aujourd’hui en recevant les recommandations de la Commission de la vérité est non seulement une contribution pour les protéger, mais permet aussi qu’on en comprenne la valeur en Colombie. Car s’il y a de la vérité, il y a un futur. »

D’ici quelques mois, les caves des archives de la Confédération contiendront un nouveau trésor d’information et de mémoire.

Sujet radio: Anouk Henry

Texte web: iar avec ats

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