Il y a trente ans, les villes de Genève, Annemasse et Thonon-les-Bains s’unissaient avec un objectif commun : faire connaître la création et l’édition littéraires contemporaines en région Rhône-Alpes et Suisse romande, à travers un réseau d’adhérents : c’est ainsi que naît l’association Lettres frontière. Le jury de l’association est composé de professionnels de la lecture publique, comme des bibliothécaires, des libraires, mais aussi de grands lecteurs français ou suisses. Grâce au contact étroit avec les maisons d’édition présentes sur les deux territoires, et sur la base des sorties littéraires du moment d’auteurs impérativement locaux, dès le début d’année, le jury présélectionne des ouvrages dans le réseau afin que 10 auteurs fassent partie de la course (5 auteurs suisses et 5 auteurs français). La sélection finale des 5 ouvrages retenus tournera ensuite dans les bibliothèques, elle sera lue et donnera lieu à un vote, afin d’élire le lauréat de chaque côté de la frontière. La remise des prix de cet événement, appelé «L’usage des mots», se passe chaque année dans l’une des villes fondatrices, et cette année, Thonon-les-Bains l’accueillera.
Cette 30e édition, le fruit de la persévérance de l’association
Mais cette 30e édition, fixée le 4 novembre, a bien failli ne pas voir le jour, si la persévérance de plusieurs membres, dont la nouvelle présidente Marie-Madeleine de Chastonay, n’avait pas été aussi tenace. « L’an passé, nous sommes presque arrivés à un point de non-retour, après l’annonce d’une fermeture brutale de l’association après 30 ans. On nous avait donné l’ordre d’arrêter les lectures et de ne pas faire les sélections, on nous enterrait, alors que rien n’avait été discuté en assemblée générale, comme le prévoient les statuts, explique la nouvelle présidente, qui a rejoint le conseil d’administration et le jury de l’association en 2013, après un immense coup de cœur. La levée de boucliers a été très importante, et le conseil de l’époque a dû obtempérer et engager une avocate pour relancer les procédures selon les statuts. S’en est suivie une phase de restructuration complète avec des personnes motivées, ce qui a permis le rassemblement de cette année, avec les auteurs, lecteurs et partenaires (libraires et bibliothèques) ». Croyant énormément en ce projet, Marie-Madeleine de Chastonay, directrice retraitée des écoles de Sierre en Valais, s’est lancé le défi de reprendre la présidence. « Notre désobéissance a permis de reconduire les activités de façon correcte, et de ne pas passer à côté de l’essentiel. Il est important que la culture ne soit pas revue à la baisse et reste une priorité, surtout dans les périodes actuelles. »
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